2011 Susana Fankhauser- Pérez de León

Geboren am 21. Oktober 1947 in Toluca, Mexiko, schloss ihr Studium in Psychologie und Berufsberatung an der Universität in Mexico City und am Institut national d'étude du travail et d'orientation professionnelle INETOP in Paris ab. Susana Fankhauser-Pérez de Léon hat auf Grund eigener Erfahrung die Bedeutung der Kommunikation der Immigranten mit schweizerischen Institutionen und Behörden im Schul-, Gesundheits- und Sozialwesen erkannt und sich der Förderung ihrer sprachlichen Kompetenz als Voraussetzung gelungener Integration verschrieben. Mit der Gründung und Leitung verschiedener, auch staatlich anerkannter und unterstützter Vereine, Netzwerke und Institutionen hat sie vielfältige Brücken zwischen Immigranten und der schweizerischen Gesellschaft gebaut und damit einen wichtigen Beitrag zur Integration geleistet.
Weil sie, getragen von eigener Erfahrung und grosser Menschlichkeit während Jahrzehnten unbeirrt und unablässig mit professionellem Können und nüchternem Sinn für das Machbare in Gesellschaft, Schule und Politik Wege für die Integration von Ausländerinnen und Ausländern in der Schweiz bereitet und beschritten hat.

Laudatio

Thanh-Huyen Ballmer-Cao

Sir Peter Ustinov, que nous connaissons tous, disait au maire de Toronto lors de sa visite de cette ville: « Toronto is New York run by the Swiss ». Cette remarque de la part d'un cosmopolite qui a résidé pendant 36 ans au bord du lac Léman fait bien sûr honneur à la métropole canadienne, mais aussi, et peut-être surtout, à la Suisse. Tout, ou presque tout, y fonctionne: l'ordre, les hôpitaux, les transports publics, les collectes séparées des déchets, etc. Même si nous sommes aujourd'hui le 12 novembre et non le 1er août, beaucoup de gens seraient d'accord avec moi pour affirmer que la Suisse est une société avec une grande qualité de la vie. Dans ce contexte, comment comprendre le choix du thème de l'intégration pour le prix de 2011 de la Fondation Dr. Jacques Edwin Brandenberger? Sans doute, s'agit-il là de l'une des questions brûlantes de notre monde globalisé. En Suisse aussi, la proposition d'un quota de 18% d'étrangers, l'interdiction de construire des minarets, la métaphore des moutons noirs... sont autant de signes de tensions qui pourraient suggérer que « das kleine Herrenvolk sieht sich in Gefahr» (Max Frisch 1965). Mais il faudrait voir dans le souci de l'intégration quelque chose de beaucoup plus profond, qui va au-delà de l'événementiel, du médiatique et qui dépasse la crainte de l'étranger. Ce souci est une préoccupation constante, une quasi-tradition dans ce pays. Il est consubstantiel de l'histoire d'une Willensnation. En même temps, le souci de l'intégration est une preuve d'intérêt, voire de reconnaissance de l'autre, il pose la question du «vivre ensemble ». Pour le dire plus simplement: l'intégration, c'est la condition même pour que tout fonctionne en Suisse, c'est le secret de la gestion à l'helvétique.
C'est ainsi que, pour le prix de 2011, la Fondation recherche (je cite):

 «eine Persönlichkeit auszuzeichnen, welche sich der Aufgabe gewidmet hat bzw. sich widmet, Integrationsmechanismen zu erforschen und bereitzustellen, um das Auseinanderbrechen und Auseinanderdriften der schweizerischen Gesellschaft zu verhindern; (...) wir suchen in einem übertragenen Sinne Brückenbauer. » (Invitation aux candidatures, avril 2011)

Si le choix du thème de l'intégration mérite d'être mis en contexte, le choix de la lauréate, Mme Susana Fankhauser-Pérez de León ici présente, semble par contre évident, tant par la durée que par la diversité de son engagement. Ce constat fait de mon rôle de laudatrice un plaisir voire un privilège, mais de l'autre côté, il ne facilite pas nécessairement mon travail. Je vais quand-même essayer de relever aujourd'hui un certain nombre de points forts du cursus de la lauréate.

Après ses études de psychologie à Mexico City et à Paris, Mme Fankhauser-Pérez de León est venue en Suisse il y a 35 ans et elle s'engage depuis pour l'intégration. Son engagement couvre plusieurs aspects.

Sur le plan professionnel, la lauréate a travaillé comme interprète communautaire, dirigé des séminaires de formation continue pour les enseignantes du canton de Berne. Elle a fait partie de plusieurs commissions, dont la Commission de la formation et de la migration de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique, la Commission scolaire des petites classes de la ville de Berne, etc.
Cependant, l'engagement de la lauréate dépasse de loin les cadres professionnels. En effet, ses activités s'étendent également à la société civile, où elle a assumé un grand nombre de fonctions, notamment:

•    en tant que responsable du «Réseau social pour Mexicains, Mexicaines et Américains, Américaines en Suisse» et du projet «Vivre ensemble en Suisse»;
•    en tant que Déléguée du «Forum pour l'intégration des migrants et migrantes»;
•    ou encore en tant que superviseuse du projet «Intégration des élèves de langue étrangère»

Et j'en passe. Qui prétendrait, dans ce cas, que le système de milice suisse est en voie d'extinction? Or, force est de constater que Susana Fankhauser met à disposition du monde associatif non seulement son ardeur et son temps libre, mais aussi, son savoir. Ce savoir ne provient pas simplement des études universitaires faites il y a plusieurs décennies, c'est le fruit d'un investissement continu: certificat en psychologie de la carrière et du personnel à Paris, diplôme en thérapie comportementale à Fribourg, formation à l'interculturalité à Lausanne, à la médiation de prévention et médiation culturelle à Berne, etc. Par ailleurs, son origine étrangère a sans doute ajouté une nuance qualitative à cet engagement déjà hors du commun en termes quantitatifs.
Comment alors s'étonner que la Direction de la formation, de la prévoyance sociale et du sport de la ville de Berne ait écrit ces lignes sur Susana Fankhauser (je cite):

«Sie bringt ihr grosses Wissen und ihre Erfahrungen in verschiedenen Gremien auf allen Staatsebenen ein. Sie kennt die Schweiz und die Wirklichkeit von Migrantinnen und Migranten aus den verschiedenen sozialen Schichten. In die Gremien der Stadt Bern wurde sie als ausgewiesene Fachfrau berufen. » (Lettre datée du 4.4.2011 de Mme Edith Olibert à M. Werner Hauck).

Vous avez bien remarqué le double enjeu au coeur du travail de Susana Fankhauser. D'un côté c'est l'école, lieu d'intégration par excellence de la société moderne, et de l'autre c'est la langue, moyen de communication mais aussi condition première du lien communautaire.
Mon bilan serait incomplet s'il omettait de relever le caractère innovateur et concret du travail de la lauréate. A titre illustratif, citons deux projets phare dont Susana Fankhauser a été la cheville ouvrière en tant que coordinatrice.

Le premier projet est l'« Association pour les parents de langue étrangère et la formation » (Verein für fremdsprachige Eltern und Bildung) fondée au début de ce millénaire. Elle vise à institutionnaliser des soirées organisées à l'intention des parents non germanophones, où des professionnelles les informent dans leur langue nationale sur le système scolaire suisse, sur le choix professionnel de leurs enfants, etc. Un tel projet est beaucoup moins évident qu'il n'y paraît. Tout d'abord, il faut avoir l'idée et la concrétiser. Ensuite, le but premier est certes de favoriser l'égalité des chances des enfants d'origine étrangère, mais on ne peut ignorer d'autres effets indirects. Recevoir des informations de première main, nouer des contacts avec des responsables, échanger des points de vue avec des professionneles sont une vraie «école des parents» pour fortifier leur motivation, renforcer leurs ressources et finalement faciliter leur intégration. Bref, faire des expériences positives avec les institutions de la communauté dans laquelle on vit ne fait-il pas partie des facteurs constitutifs du « capital social » au sens de Robert Putnam ? Le second exemple que j'aimerais citer ici est l'Association des seniors de langue espagnole de Berne (Associacion de Mayores Hispanoha-blantes de Berna). Dans beaucoup de clubs du 3e âge, il est possible d'exercer le tai-chi, d'écouter un exposé sur le changement climatique, de se faire expliquer la nouvelle réforme de l'AVS, ou encore de fêter le 100è anniversaire d'un autre senior. Mais chez les Mayores Hispanohablantes de Berna, il y a un espace linguistique familier en plus. Quoi de plus précieux que de retrouver un Stück Heimat quand on n'a plus toute la vie devant soi et son sphère d'activité se rétrécit sans cesse? En même temps, ce que les seniors retrouvent dans l'Association, ce n'est pas simplement la parole mais aussi l'écoute: Le programme qu'elle offre est pour ainsi dire à la carte, selon les besoins des membres. Il faut aussi mentionner que l'Association sait se donner des moyens supplémentaires pour cela en mobilisant les ressources disponibles là où elles se trouvent, que ce soit le Service des Assurances sociales de la ville de Berne ou encore l'organisation qui soutient les Espagnols âgés vivant à l'étranger. Ces ingéniosités ne sont pas passées inaperçues, puisque Pro Senectute de la ville de Berne a attribué à ce projet le prix SILBERBAER en 2010.

Autant de qualités font que, lors de l'invitation aux candidatures, une personnalité suisse a présenté les activités de Mme Susana Fankhauser à la Commission du prix Brandenberger en ces termes (je la cite):
«Charakteristisch für die Arbeitsweise Susana Fankhausers sind folgende Merkmale:
Nicht führen, sondern befähigen. Susana Fankhauser hat nie eine schlagzeilenträchtige Führungsrolle angestrebt, aber sie versteht es, bei allen, mit denen sie zusammenarbeitet, die besten Kräfte zu wecken und zu stärken.
Sinn für Machbarkeit und Effizienz. Susana Fankhauser hat für soziale und organisatorische Belange ein untrügliches Augenmass.
Rückhaltloser Einsatz und Treue zur Sache. Der Sinn für das Machbare ist die eine Garantie für den Erfolg, Einsatz und Treue zur Sache die andere». (Lettre du 2 avril 2011 de M. Werner Hauck à Mme Annemarie Huber-Hotz)

Ces termes sont élogieux et ils le sont à juste titre. Mais pour la lauréate du prix Brandenberger 2011, j'aimerais mettre en exergue au moins trois aspects supplémentaires.
Premièrement, la Fondation souhaite honorer chaque année une citoyenne ou un citoyen «ayant particulièrement consacré sa vie au bien de l'humanité» (Statuts de la Fondation). On l'a vu: Susana Fankhauser s'est dévoué depuis 35 ans à la cause d'autrui, notamment des personnes de langue étrangère. Ce qui est bien plus remarquable, ce sont les groupes à qui s'adressent ses activités. Il s'agit des parents, des aînés, et non simplement de la main d'oeuvre, réduction incontournable quand on parle d'immigration ... «Man hat Arbeitskräfte gerufen, und es kommen Menschen» a fait déjà remarquer Max Frisch en 1965. Susana Fankhauser, elle aussi, a bien ce sens de l'humain. Que l'on ait la nationalité du pays dans lequel on vit ou que l'on soit étranger, le travail n'est pas toute une vie. La parentalité, la vieillesse sont des expériences enrichissantes, mais en même temps, le devoir ou le besoin de protection peuvent être des épreuves exigeantes, pour ne pas dire astreignantes, au cours d'une existence humaine. Quoi de plus précieux que du soutien, des échanges ou même un peu d'écoute pendant ces phases, afin de renforcer les compétences, redonner confiance et témoigner le lien social ?
Deuxièmement, en recherchant une personnalité qui «mobilise au maximum sa personne et ses facultés» pour le bien d'autrui, la Fondation Brandenberger souhaite honorer plus généralement son altruisme, son dévouement et non nécessairement le succès final de son engagement. La liste des lauréates et des lauréats montre cependant un lien étroit entre le combat d'une vie et les résultats en termes de réalisations. La lauréate de 2011 ne fait pas exception, puisque le gouvernement du Mexique lui a remis le prix OHTLI en 2007 en guise de reconnaissance du travail d'une mexicaine en faveur de l'avancement et de l'intégration de ses compatriotes à l'étranger. Faudrait-il dans ce cas voir dans le prix Brandenberger décerné aujourd'hui comme un hommage en plus à une Suissesse d'origine mexicaine pour son engagement en faveur des étrangers? Entendons-nous bien: ce n'est pas tant la couleur du passeport qui nous intéresse ici, même s'il faut reconnaître que le travail de Susana Fankhauser mériterait le label suisse, rien que par son organisation, sa minutie et son efficacité. Ce qui compte vraiment, c'est la transgression des frontières qui cloisonnent, qu'elles soient géographiques, linguistiques, ou psychologiques. Mexicaine, la lauréate ne s'est pas dévouée exclusivement aux mexicaines ou mexicains résidents en Suisse. Parmi les bénéficiaires de ses projets, on compte tant les espagnols, les kosovares, les tamouls, les vietnamiens, et j'en passe. Par ailleurs, Susana Fankhauser se décrit comme «une transnationale qui a beaucoup reçu de son pays hôte et qui veut < rendre la pareille> aux personnes moins chanceuses qu'elle ». Aussi simple qu'elle paraisse, la motivation que Susana Fankhauser donne à son engagement témoigne non seulement un sens de l'humain profond cher à la Fondation Brandenberger, mais aussi un attachement civique intense au coeur du prix 2011.
Troisièmement, pour le prix 2011, la Fondation constate que «Ce dont la société suisse a besoin, ce sont des < passerelles > pour dépasser les oppositions, les fissures et les fossés, ainsi que des mécanismes d'intégration pour empêcher l'éclatement de la société ... » (Invitation aux candidatures, avril 2011). A cet égard également, la lauréate s'est engagée de façon exemplaire en faveur de l'intégration des personnes de langue étrangère de la ville de Berne. Ce que j'aimerais surtout relever dans ce cadre, c'est la présence des institutions dans le travail de Susana Fankhauser, que ce soit la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique, les différentes commissions extraparlementaires, la Direction de la formation, de la prévoyance sociale et du sport de la ville de Berne ou l'Ambassade du Mexique. Dans son rôle d'experte et de coordinatrice, la lauréate a rapproché les institutions et les individus par la transmission des expériences, la diffusion des informations, la création des contacts. Or, on sait l'importance des institutions pour l'intégration. L'Etat moderne est un Etat régulateur et il est omniprésent dans notre quotidien. L'Etat moderne est aussi un Etat qui se veut égalitaire, donc non-discriminatoire envers les non-nationaux dans des domaines clés comme l'éducation, le logement, les assurances sociales, etc. Si bien que qui dit aujourd'hui intégration, dit également intégration nationale. Sans elle, au lieu de devenir des membres d'une communauté nationale, les individus resteront simplement des clients du service public au mieux, ou des résidents d'un Etat au pire.

Madame Fankhauser-Pérez de León, vous êtes la 22° personne à recevoir le prix de la Fondation Dr. Brandenberger. Le privilège qui m'est donné de saluer votre travail me réjouit tout particulièrement. En tant qu'épouse, mère, femme professionnellement active, citoyenne responsable, votre parcours cumule plusieurs fronts et il est d'une rare intensité. Par votre intelligence du coeur, vous avez facilité la vie des personnes autour de vous, ce dans des moments les plus fragiles de leur cycle de vie. Par votre générosité, vous avez agi au-delà des divisions culturelles et politiques, contre les intolérances, ou tout simplement, contre les indifférences. Par votre sens communautaire, vous avez rapproché institutions et individus et facilité en cela un apprentissage réciproque. Pour vivre ensemble à Berne, Zurich, Toronto, New York ou ailleurs, il faudrait des passerelles comme celles que vous avez bâties successivement les 35 derrières années. En ce sens, je vous remercie d'avoir donné l'occasion à la Fondation Dr. Jacques Edwin Brandenberger de saluer votre sens du devoir, de reconnaître votre contribution et de partager votre espoir de rendre le monde meilleur.


Von der kulturellen Vielfalt zu einer Kultur des Miteinander

Susana Fankhauser-Pérez de León

Tout d'abord, laissez-moi remercier chaleureusement la Fondation Jacques Edwin Brandenberger, son Conseil de fondation, ainsi que la Commission de l'attribution des Prix qui ont bien voulu me décerner le Prix 2011. Ce prix, bien qu'il constitue à mes yeux un insigne d'honneur, va bien au-delà de ma personne. Car ce prix, c'est avant tout la reconnaissance du travail infatigable réalisé, depuis des décennies, par les migrants et les différentes institutions suisses et étrangères afin d'encourager l'intégration en Suisse.

Mais permettez-moi d'effectuer un bref rappel historique. Lorsque je suis arrivée en Suisse, à Berne, je représentais l'un des premiers mariages binationaux Mexicain-Suisse. J'ai été très sensible à l'accueil qui m'a été alors réservé et qui m'a, entre autres, permis de continuer mes études et de fonder une famille.

Pendant ces premières années, j'ai investi toutes mes forces, ainsi que les compétences que me procurait ma formation, pour mieux connaître mon pays d'accueil, le fonctionnement de cette société et ses particularismes. Par la suite, j'ai ressenti le besoin de redonner ce que j'avais reçu, de partager mes expériences, pour que d'autres personnes puissent profiter de ce parcours de vie. C'est dans ce contexte qu'a commencé mon engagement envers mes concitoyens. Cet engagement se focalise principalement autour des thèmes qui préoccupent les migrants:

L'une de ces questions primordiales peut se résumer en ces mots: «Comment s'orienter?»

Afin d'y répondre, et avec l'aide d'amis, nous avons créé dans plusieurs cantons suisses des associations pour les Mexicains. A Berne, j'ai dévéloppe un Réseau d'aide Social, afin d'informer mes concitoyens de l'existence et du fonctionnement des diverses institutions qui pourraient leur venir en aide, soit sur leur lieu de travail, soit à leur domicile. Ces informations, pouvant concerner aussi bien la formation que la santé, et relevant des différents niveaux (communal, cantonal ou fédéral), sont effectivement essentielles au bon déroulement de tout processus d'intégration.

J'ai ainsi oeuvré afin d'instaurer un climat de confiance réciproque et me suis appliquée à construire des ponts entre mes concitoyens et les institutions suisses. Cette construction s'est élargie, lors de ces dernières années, à la population latino-américaine en Suisse.

Mais, et comme vous pouvez aisément l'imaginer, ce travail n'aurait pu être si fructueux sans
l'engagement et l'appui d'autres institutions, suisses ou étrangères. Je citerai en exemple Mr. l'Ambassadeur Luciano Joublanc du Mexique qui, depuis le début, m'a appuyée et encouragée, par la suite, Madame l'Ambassadeur Claudia Turbay de la Colombie et Monsieur l'Ambassadeur Juan Carlos Gammarra de la République du Pérou m'ont également apporté leur soutien.

Als die zuständigen schweizerischen Behörden sahen, wie sich hier etwas anbahnte, das für die gesellschaftliche Entwicklung sehr nützlich sein konnte, interessierten sie sich für die Sache und waren bereit, das Ihre dazu beizutragen. Dadurch gaben sie mir die Möglichkeit, Menschen anderer Kulturen in den Prozess einzubeziehen. Im Zentrum stand zuallererst das Thema.

Schule und Familie

Schule und Familie dürfen nicht vollkommen voneinander getrennte Parallelwelten sein. Die Schule hat unmittelbare Auswirkungen auf das Familienleben, und das Familienleben wirkt stärker als man glaubt in die Schule hinein. Diese gegenseitige Nähe und Durchdringung birgt viel Konfliktstoff in sich, bietet gleichzeitig aber auch grosse Chancen. Es gilt, Konflikte nicht zu verdrängen, sie nicht durch Schweigen zu verschärfen, sondern sie als Chance für eine bessere Entwicklung zu nutzen. Das gelingt am besten, wenn alle Beteiligten einander als Partner auf gleicher Augenhöhe begegnen. Partner respektieren sich, auch wenn sie ganz unterschiedlichen Kulturen angehören. Sie informieren sich gegenseitig über kulturelle Inhalte, Unterschiede und Mechanismen und sind bereit, voneinander zu lernen.

Lernen von einander: Lassen sie mich an Stelle vieler nur ein kleines Beispiel nennen:
Eltern spielen für den Schulerfolg ihrer Kinder eine entscheidende Rolle, vor allem für die schulische Motivation. Dieses Potenzial wollen Lehrerinnen und Lehrer zu konstruktiver Zusammenarbeit nutzen, um die gute schulische Entwicklung der Kinder zu fördern. Sie organisieren deshalb so genannte Elternabende, bereiten sie sorgfältig vor und schreiben den Eltern einen schönen Einladungsbrief. Am Elternabend finden sich aber nur Schweizer Eltern ein. Es ist absolut verständlich, wenn die Lehrpersonen frustriert sind und nicht verstehen, dass Ausländer so gar kein Interesse aufbringen, ausgerechnet dann, wenn ihnen in einer für sie so wichtigen Sache die Hand zur Zusammenarbeit entgegenstreckt wird.
Solche Frustration kann leicht zu Reaktionen führen, die wiederum die Ausländer nicht verstehen, und schon beginnt sich eine Spirale der Unzufriedenheit zu drehen. Die Sache entwickelt sich ganz anders, wenn die Lehrerinnen und Lehrer wissen, dass sehr viele Kulturen die Institution Elternabend gar nicht kennen und die Einladungsbriefe deshalb falsch interpretiert werden. Wissen die Lehrpersonen um diese Tatsache, dann werden sie sich bemühen, mit Vertreterinnen und Vertretern der entsprechenden Kulturen andere Formen der Einladung zu finden, denn am Interesse der ausländischen Eltern fehlt es in aller Regel nicht.

Aus dieser Erkenntnis heraus haben wir den Verein fremdsprachiger Eltern gegründet, in dem zurzeit Personen aus 17 Sprachräumen vertreten sind. Dieser Verein führt unter anderem Elternabende für Fremdsprachige durch, an denen diese vertraut gemacht werden mit den Besonderheiten des schweizerischen Schul- und Bildungssystems. Eines der Hauptprobleme der Zusammenarbeit liegt nämlich gerade darin, dass dieses System so ganz anders ist als das der Herkunftsländer und es erst noch mit der für unseren Föderalismus typischen Variantenvielfalt erscheint. An den Abenden werden die Eltern zudem ermuntert, ihre Motivationsrolle wahrzunehmen und sich aktiv am gegenseitigen Austausch zu beteiligen. So haben sich diese Elternabende zu tragfähigen Brücken zwischen Schule und Familie entwickelt. Sie sind zu einem Erfolg geworden. Es liegt mir deshalb sehr daran, von denen, die hier wesentlich mitgearbeitet haben, einige, die unter uns sind, namentlich zu nennen:

Da sind die Vertreter der Lehrerschaft, Mario Malingaba und Beat Sigenthaler. Von den Behörden waren dabei unsere Gemeinderätin Edith Olibet, die der Direktion Bildung, Soziales und Sport vorsteht, Irene Hänsenberger vom Schulamt, Roland Beeri, Leiter der Fachstelle für Integration des Kantons Bern, und Pascale Steiner von der Eidgenössischen Kommission für Migrationsfragen.

Sie alle haben sich mit viel Herzblut, Kreativität und Offenheit für die gute Sache engagiert, und dafür danke ich Ihnen an dieser Stelle ganz herzlich, persönlich und im Namen der Migrantinnen und Migranten und ihrer Kinder.

All diese Bemühungen wären aber verpufft, wenn nicht die Migranten selbst ihre Sache in die Hand genommen hätten. Ich freue mich deshalb besonders, dass einige von Ihnen hier anwesend sind: Dharmini Amirthalingam, Thieng Ly, Yeshi Phurtag, Qazim Hajzeraj und Ethem Gulgen. Ihnen und allen, die ihnen geholfen haben, gebührt ein ganz besonderer Dank. Sie haben sehr viel Freiwilligenarbeit geleistet, haben andere mit ihrem Beispiel angesteckt und viele dazu motiviert, etwas zur Verbesserung der Lebensqualität der Migranten beizutragen.

Das leitet direkt über zu einem anderen Thema, das mir in unserer Zeit wichtig erscheint:

Migration und älter werden

Die meisten Migranten, die in den Fünfziger- und Sechzigerjahren in die Schweiz gekommen sind, taten dies in der Absicht, nach einer gewissen Zeit wieder in ihre Heimat zurückzukehren, um mit den gesammelten Erfahrungen und Ersparnissen etwas Neues zu unternehmen. Aber dann haben sie hier, wie ich selbst, Wurzeln geschlagen. Sie sind in ihre Arbeitswelt und damit auch in die schweizerische Arbeitskultur hineingewachsen. Sie haben Freundschaften geschlossen und haben das Land entdeckt. Viele können sich nicht mehr vorstellen wieder zurückzukehren, um in ihrem Land, das sich inzwischen stark verändert hat, ein neues Leben zu beginnen. Das Gastland ist ihnen zur Heimat geworden. Älter werden in einer neuen Heimat ist aber nicht ganz so einfach.

Etant donné qu'à Berne, il n'y avait aucune institution ou organisation spécifique au troisième âge pour la population de langue espagnole, et constatant parallèlement un besoin accru d'une organisation de ce genre, nous avons créé l'Association du troisième âge pour personnes de langue espagnole à Berne. Cette association put voir le jour grâce au concours d'un groupe de migrants du troisième âge de langue espagnole dont faisaient partie Carmenchu Albarrân, Nieves y Manolo Garcia, Xenia de Trey qui sont parmi nous aujourd'hui.

L'association permet aux personnes âgées d'améliorer leur qualité de vie, de maintenir leur corps et leur esprit en bonne santé, de s'intéresser à l'acquisition de la langue allemande. De plus, elle veille à l'intégration sociale de toutes celles et tous ceux qui se retrouvent en maison de retraite, malades ou isolés, Elle permet non seulement de restructurer la vie quotidienne des pensionnaires en aménageant notamment un espace d'échange où les migrants peuvent parler de leurs soucis, de leurs problèmes, mais également de trouver des solutions concrètes. Anticipant le danger d'une démotivation existentielle, cette association favorise la création de liens solides et durables et encourage le développement des ressources personnelles.

A nouveau, des institutions suisses, représentées par Mme Christine Egerszegi du Forum National Âge et Migration et par Mme Evelyne Hunziker de l'Alters- und Versicherungsamt der Stadt Bern, ont été au rendez-vous pour soutenir cette initiative. De cette façon, les migrants du troisième âge sont mieux informés de leurs droits et de leurs devoirs et sont capables, par eux-mêmes, d'organiser leur vieillesse.

Ich komme zu einem letzten Feld, das ich über-schreiben möchte mit:

Migration und ganz bleiben.

In einem Gastland eine neue Heimat finden heisst nicht, seine ursprüngliche Heimat und Kultur zu verleugnen. Im Gegenteil: Es ist wichtig, den Bezug zu den Wurzeln und zur Kultur, in der die Kindheit geformt wurde, sorgfältig zu pflegen. Nur so kann man in der globalisierten Welt des Überall und Nirgends ganz bleiben. Diese Einsicht hat uns dazu bewogen, die UNED zu gründen, die Seniorenuniversität für Spanischsprachige.

Cette université offre plusieurs avantages. Elle permet tout d'abord aux personnes du troisième âge de satisfaire un besoin réel de retour aux sources. Elle encourage des personnes n'ayant bénéficié que d'une formation élémentaire dans leur pays d'origine à suivre des cours et à combler ce déficit, redécouvrant ainsi le plaisir d'apprendre. Les Suisses éprouvant le besoin de perfectionner leur espagnol sont également les bienvenus à l'UNED. Des amitiés bilingues et des échanges constructifs peuvent ainsi voir le jour.
C'est l'Université pour personnes du troisième âge de langue italienne, l'UNITRE, et sa directrice Mme Anna Rüdeberg qui ont donné le coup d'envoi pour la création de l'Université pour personnes du troisième âge de langue espagnole, l'UNED.
 
Le travail entre migrants et institutions suisses est ainsi devenu un réel exemple de complémentarité où chacun, selon ses compétences et ses spécificités, apporte sa pierre à l'édifice, dans l'intérêt de tous.

Die verschiedenen Beispiele, sehr verehrte Damen und Herren, haben Ihnen gezeigt, dass schweizerische Behörden und Migrantenorganisationen mit Erfolg partnerschaftlich zusammenarbeiten und einander hervorragend ergänzen. Das stimmt sehr zuversichtlich.

Und damit komme ich zum Schluss.

Dank

Es ist mir an diesem festlichen Tag ein grosses Bedürfnis, meiner Familie in Mexico zu danken, die mich gelehrt hat, mich für die Mitmenschen einzusetzen. Ich danke auch meinem Mann, der mich begleitet, berät und unterstützt und der mich in die Gepflogenheiten meines neuen Heimatlandes eingeführt hat, und meiner Tochter, die mit ihrem Gespür für Toleranz und Akzeptanz stets viel Verständnis aufbrachte für meine zeitaufwendigen Tätigkeiten ausserhalb des Hauses.
Ich danke meinen Kollegen und Kolleginnen, Migranten und Schweizern. Einige habe ich bereits erwähnt aber es fehlen noch drei, deren Arbeit ich hoch schätze: Juliette Sellaturai, Yolanda Gama und Concepción Wintergerst. Alle haben sie im Dienst ihrer Ideale, ihre Kräfte, ihre Hoffnungen und ihre Kreativität gebündelt und haben dadurch zum Gelingen der Projekte beigetragen.
Danken will ich auch den schweizerischen und ausländischen Institutionen, die uns immer unterstützt und gefördert haben. Dank dieser Zusammenarbeit und der freiwilligen Mitarbeit — auf die wir sehr angewiesen sind und die wir ausserordentlich schätzen — war es möglich, weitere Projekte in die Praxis umzusetzen und weitere ins Auge zu fassen, um für alle Beteiligten Zukunft zu schaffen.

Aus gegebenem Anlass geht mein ganz grosser Dank heute an die Stiftung Brandenberger und ihren Stiftungsrat. Mit seinem Entscheid unter-stützt der Stiftungsrat Bemühungen, die darauf gerichtet sind, die mit der Migration verbundenen Schwierigkeiten nicht noch zu verschärfen, sondern so damit umzugehen, dass sie zur Chance für die Zukunft werden. Damit gibt er allen Gemeinwesen ein schönes und überzeugendes Beispiel. Es ist tatsächlich viel besser, Geld zur Überwindung von Schwierigkeiten ein-zusetzen, statt Schwierigkeiten zu Konflikten verkommen zu lassen und die daraus entstehenden Schäden mit sehr viel mehr finanziellem Aufwand und Kraft zu beseitigen. Ich versichere Sie, dass der Preis in diesem Sinne verwendet wird. Geld ist wichtig, sehr wichtig sogar. Aber ich möchte dem Stiftungsrat vor allem dafür danken, dass er mit seinem Entscheid einen mutigen und für die gesellschaftliche Entwicklung des Landes wichtigen Schritt getan hat.

Er hat den Preis unter dem Titel Zusammenhalt des Landes vergeben und dies gerade in einer Zeit, da eine politische Minderheit mit sehr viel Aufwand versuchte, einen Keil zwischen Schweizer und Migranten zu treiben in einer Art und Weise, die viele Ausländerinnen und Ausländer, die dieses Land lieben, sehr geschmerzt hat. Mit seinem Entscheid setzt der Stiftungsrat ein grossartiges Zeichen der Ermutigung und lässt die Schweiz in einem ganz anderen Licht erscheinen. Er hat die schönste Form gewählt, Migrantinnen und Migranten einzuladen, im besten Bürgersinn gemeinsam mit der schweizerischen Bevölkerung sowie ihren Behörden und Institutionen Schwierigkeiten zu überwinden, an der Zukunft des Landes zu bauen und darauf hinzuwirken, dass aus der kulturellen Vielfalt des Landes eine reiche Kultur des Miteinander wächst.